Euphrasyne marchait gaiement en direction de la plage sans même s’en rendre compte. Elle errait nonchalamment tout en regardant autour d’elle l’air curieux. Lorsqu’elle aperçut, au loin, une grande étendue de sable, elle se mit à courir dans sa direction, pieds nus. Elle qui venait de la campagne n’avait eu qu’une seule fois l’occasion de voir la mer et la plage de plus près, elle y avait pris goût et avait toujours rêvé pouvoir renouveler cette expérience. Sur terre, les plages étaient toujours bondées ce qui était très embêtant tandis, qu’ici, elle était complètement vide. Lorsque ses pieds entrèrent en contact avec le sable chaud, elle s’arrêta de courir et freina dans un mouvement scabreux. Elle tomba ainsi assise sur le sable et se mit à se rouler dedans comme une gamine. Une fois assise, elle récolta un peu de sable dans ses mains et entreprit de faire un château avec celui-ci. Le problème ? Le sable fin était sec et donc ne tenait pas en forme. Boudeuse, Euphrasyne se dirigea vers la mer pour le mouiller et ainsi le modeler plus facilement. Elle s’assit donc, près de la mer, sur le sable mouillé et entreprit de réaliser sa sculpture. Il fallait l’avouer, ce château ne ressemblait à rien. Euphrasyne le remarqua, se leva et mit un grand coup de pied dans celui-ci. Ensuite, elle se rassit en vue de recommencer l’expérience jusqu’à ce qu’elle réussisse. Cette bonne résolution ne dura pas très longtemps étant donné qu’elle n’était pas très patiente. Au bout de trois essais ratés, elle se leva avec l’idée de marcher un peu le long de la mer. A ce moment, elle aperçut quelques petits crustacés qui traînaient négligemment en bordure de mer. Elle ramassa un crabe sans se faire pincer et le regarda droit dans les yeux. Celui-ci prit peur et cacha sa tête entre ses pinces. Elle lui parla quelques minutes et, voyant qu’il ne répondait pas, elle le reposa et continua sa recherche. C’était, de toute façon, prévisible étant donné que les crabes ne parlaient aux humains que les jours de pleine lune, c’était bien connu ! Euphrasyne aperçut ainsi des petites crevettes assez bizarres, des crabes et des coquillages colorés. Qui sait, il y avait peut-être même des huîtres ? Euphrasyne adorait les huîtres. Non pas cuisinées car elle ignorait que cela se mangeait mais bien pour les perles qu’elles contenaient. Elle avait souvent entendu de belles histoires sur des perles d’huîtres qui transformaient les petites filles en princesse. Les yeux écarquillés, elle se mit alors à la recherche d’huîtres. Cette fois, elle n’allait pas abandonner jusqu’à ce qu’elle trouve la fameuse huître perlière qui la transformerait en princesse lorsqu’elle réciterait une formule magique avec sa cithare.

Euphrasyne se mit donc à la recherche d’une huître perlière. Même s’il faut avouer qu’elle n’a pas les capacités intellectuelles pour trouver une perle du premier coup, elle est revanche très perspicace et débordante d’énergie. De plus, elle est généralement très chanceuse ce qui l’aide dans pas mal de circonstances. Toujours pieds nus, elle se décida à marcher le long de la mer jusqu’à ce qu’elle trouve un gros tas d’huîtres. Elle s’assit à côté d’elles et entreprit de les prendre une par une afin de voir si, oui ou non, elles contenaient cette fameuse perle tant convoitée. Euphrasyne avait lu beaucoup de livres de contes et légendes où les perles d’huîtres étaient mentionnées ; elles étaient appelées les larmes d’Aphrodite. Les yeux brillants à ce souvenir, elle se rappela également avoir vu une photo d’huître qui contenait une perle. Heureusement, sur ce coup là, son esprit enfantin lui serait peu être plus utile que de vraies connaissances scientifiques. Elle se rappelait que, dans ce livre, l’huître avait une forme particulière. Elle n’était pas comme les huîtres classiques dont la majorité se retrouvaient dans le tas qui était à côté d’elle. Au contraire, elles avaient plus la forme d’une palourde tout en restant bien entendu une huître. La différence était assez subtile mais Euphrasyne avait foi dans son livre, ce qui était le plus important. Dans le fond, même si les légendes sont inventées, ne dit-on pas qu’elles se basent toujours sur des faits réels ?

Euphrasyne classa donc les huîtres en deux tas distincts. Un énorme tas qui contenait les huîtres banales et un tas beaucoup plus petit où elle avait entreposé les huîtres dont elle supposait qu’elles contenaient des perles. Elle n’en était bien entendu pas sûre mais elle avait mis de côté les huîtres à propos desquelles elle avait un doute. Au final, ce second tas n’en contenait que cinq. Ces cinq huîtres avaient une forme nettement différentes de l’autre tas. Comme Euphrasyne l’avait déjà dit, elles avaient plus la forme d’une palourde et étaient moins allongées. De plus, elles étaient en dessous de toutes les autres ce qui indiquait bien leur importance non ? Un voyageur banal qui serait passé par là ne les aurait pas vu en marchant étant donné qu’il fallait vraiment fouiller pour les dénicher. Euphrasyne était presque sûre de son choix. De toute façon, il y avait de bonnes raisons de penser que ces huîtres étaient particulières vu qu’elles n’étaient pas comme les autres. Pleine d’espoir, elle prit quelques minutes avant de choisir une huître parmi les cinq mises sur le côté. Euphrasyne prit son temps et choisit finalement l’huître qui avait les contours les plus beaux. Après tout, si on la comparait à Aphrodite, déesse de la beauté, ce ne devait pas être pour rien. Cette huître était également différente de ses quatre consœurs de par sa forme ce qui mit la puce à l’oreille d’Euphrasyne. Devenant tout à coup incontrôlable, elle secoua l’huître comme une possédée afin d’entendre un petit cliquetis à l’intérieur. Elle colla son oreille sur l’huître et écouta attentivement tout en la secouant comme un prunier. Euphrasyne n’en était pas sûre mais elle aurait juré avoir entendu un léger bruit à l’intérieur. Oui, cette huître serait son choix définitif. Souriant, elle attendit avant de l’ouvrir pour voir ce qu’elle cachait dans sa coquille.

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